Le doigt gelé
Cet hiver, par un froid intense,
Rentrant chez lui tout accablé,
À sa femme il dit: "Mon Hortense,
Je crois que j'ai le doigt gelé.
Tiens, regarde, il est insensible;
Va, plus d'espoir, il est bien mort!"
"Mon ami, ce serait horrible!
Peut-être bien qu'il vit encore."
Mais le doigt, misérable tige,
N'était plus, piteux, racorni,
Qu'un souffle, un rien, moins qu'un vestige,
Et, Nini, c'était bien fini
L'épouse s'écria plaintive:
"Si tu le frictionnais fort?
Tiens, voici de l'eau sédative,
Peut-être bien qu'il n'est pas mort
L'eau n'y fit rien. La pauvre femme
Se lamentait dans sa douleur.
"Si tu le réchauffais à la flamme?
Ce qu'il lui faut c'est la chaleur!
Approche donc. Quoi, tu recules?
Poltron ! Que l'angoisse me tord!
Comprends bien que si tu te brûles
Ça prouvera qu'il n'est pas mort."
Toujours rien. En vain ils varient
L'eau, le feu, le chaud, le froid.
Il essaya le bain-marie ;
Rien ne ranimait plus le doigt.
"Ah!", fit l'épouse toute blême,
"Il me resterait un remords
Si je n'essayais pas moi-même
De m'assurer qu'il est bien mort."
Oh, la femme, l'être adorable
Pétrie de grâce et de bonté!
Chacune en sa foi secourable
Est un masseur de charité.
Elle massa, mais avec rage,
Car stérile fut son effort,
Pendant qu'il murmurait: courage!
Peut-être bien qu'il n'est pas mort.
Lasse de la besogne aride
Elle lâchait le doigt transi,
Qui s'obstinait, morne et rigide,
Quand soudain son front s'éclaircit.
"Sommes-nous nigauds tout de même!
La flamme n'y peut rien, d'accord,
Mais il est un moyen suprême
De s'assurer qu'il est bien mort ! "
On n'entendit plus, dans la chambre,
Rien sinon des mots encourageants
Que la victime de décembre
Bégayait sur des tons changeants.
Et tout à coup l'épouse émue
S'écria: "Mon ami Victor,
Béni soit le ciel: il remue!
Ah, quel bonheur! Il n'est pas mort!"
Maris, méditez cette histoire:
Le doigt peut vous geler demain.
Vous avez, la chose est notoire,
Le remède exquis sous la main.
Le feu, cet élément du diable,
Peut vous rendre un peu votre essor.
Mais le cul d'une femme aimable
Est mille fois plus chaud encor'.
Paris - Nantes
En revenant de Paris jusqu'à Nantes
Oh! lala, oh, lala, lala, lala, (bis)
En revenant de Paris jusqu'à Nantes
Tiens, voilà mon zob, zob, zob
Tiens, voilà mon zob, zobi!
J'ai rencontré trois jeunes filles charmantes
J'ai pas choisi, mais j'ai pris la plus grande
Je lui ai dit de monter dans ma chambre
J' lui ai foutu cinq, six coups dans le ventre
Quand j'eus fini, ell' me dit: "Recommence!"
"Y a pas moyen, y a plus d'huil' dans la lampe"
"Si c'est comme ça, tu reviendras dimanche"
"Et s'il en rest' ce s'ra pour la servante!"
Nicaise
L'autre jour, le pauvr' Nicaise
Rencontra Suzon.
Qui lui fit des yeux de braise
Et l' va son jupon
Vas-y, vas-y, va, Nicaise (bis)
Qu'est-ce' que t'attends donc, eh, con!
Faut-il que j' lui prenn' la bouche (bis)
Ou bien le menton?
Hé! descends, descends, Nicaise (bis)
Plus bas qu' le menton, eh, con!
Faut-il que j' lui prenn' la gorge (bis)
Ou bien l' gorgeron?
Hé! descends, descends, Nicaise (bis)
Plus bas qu' le nichon, eh, con!
Faut-il que ses pieds j' lui prenne (bis)
Ou bien ses g'noux ronds?
Eh r'mont' donc, r'mont' donc, Nicaise (bis)
Plus haut qu' le cuisson, eh, con!
Alors c'est c'te drôl' de fente (bis)
Qu'il faut qu' j'enfilions?
Enfile, enfil' la, Nicaise,
Enfil' donc Suzon! eh, con!
Enfile, enfil' la, Nicaise,
T'as assez fait l' con, eh, con!